LA DÉCOUVERTE

Découverte
« Un matin de février 1969... »
Un matin de février 1969, alors qu’il pensait planter des vignes sur une petite parcelle nue, au cœur du vignoble familial, le Château La Gaffelière, Léo de Malet Roquefort est amené à renoncer à cette plantation, les travaux ayant mis au jour des mosaïques de pavement. Sans doute entrevoit-il les découvertes, les émerveillements, les surprises, mais aussi les soucis que vont lui procurer la découverte qu’il fait ce matin-là.
Déjà alerté par la lecture de l’ouvrage d’un érudit Saint- Emilionnais, Ch. Ouy-Vernazobres, qui vivait dans cette maison du « Palat » au XIXème siècle, et évoquait l’existence de vestiges antiques au Palat, Léo de Malet entame avec prudence des travaux de nettoyage de la parcelle. Cette précaution permit la sauvegarde des vestiges.
Aussitôt alerté par Monsieur de Malet Roquefort, Monsieur J. Coupry, directeur des antiquités historiques d’Aquitaine, organise un contrôle archéologique.
L’intervention, confiée à Monsieur Marc Gauthier, alors assistant auprès de la Direction régionale des Antiquités historiques, permit de dégager en partie une salle pavée de mosaïque.
Les recherches reprennent en octobre 1969 et se poursuivent en 1970-1971.
De 1981 à 1987, une campagne de fouilles est programmée, dirigée par Mr Marc Gauthier puis par Mme Catherine Balmelle (CNRS, Centre de Recherche sur la Mosaïque Antique).
Ces travaux mettent au jour les vestiges d’une villa gallo-romaine du IVème et Vème siècle, une riche résidence rurale d’un plan exceptionnel en Aquitaine et remarquable par la qualité de ses mosaïques.

"Ce que les archéologues mettent au jour... "
De 1981 à 1987, une campagne de fouilles programmées est dirigée par Mr Marc Gauthier puis par Mme Catherine Balmelle (CNRS, Centre de Recherche sur la Mosaïque Antique).
Ces fouilles mettent en évidence une riche résidence rurale, d’un plan exceptionnel en Aquitaine.
Les vestiges correspondent à la façade sud de la partie résidentielle d’une « villa » (terme latin désignant un établissement rural dispersé répondant à une double fonction d’habitation et de production) de l’antiquité tardive (IVème et Vème siècles), et plus précisément à la façade d’apparat de la demeure.
Parmi les aménagements les plus caractéristiques des structures dégagées, on remarque une galerie de façade à colonnade large de 3m90 et longue de 90m donnant sur un jardin ; ouvrant sur cette galerie, au milieu de la façade, un grand bassin ornemental, large de 7 m et long de 60 m.
Il s’agit d’un ensemble d’aspect monumental, à développement axial et symétrique, dont le plan général est à rattacher aux « villae » à galeries de façade et pièces d’angle saillantes, avec une grande pièce d’apparat centrale, que l’on connaît en Germanie, le long du Rhin et de la Moselle.
Les vestiges de cette villa, dite « Villa du Palat », occupent le pied d’un coteau qui descend du plateau de Saint-Emilion vers le sud-est, à l’abri des vents froids du nord et des pluies dominantes de l’ouest, au creux d’un vallon ouvert sur la vallée de la Dordogne.

"La villa résidentielle d'un grand notable du 4è siècle... "
Cette grande demeure rurale, d’après l’ampleur de l’architecture et la richesse du décor, appartenait certainement à un riche notable de la fin du IVème siècle, et devait faire partie d’un vaste domaine. Or, les villas résidentielles de cette élite, de ces grands notables de la fin de l’antiquité nous sont bien connues grâce à l’abondance de sources textuelles.
Mosaïques, marbres, peintures, stucs témoignent de la richesse de la décoration intérieure de la villa du Palat.
Les pavements en mosaïque retiennent plus spécialement l’attention, en raison de leur abondance (211 m2), de leur homogénéité, de leur état de conservation et enfin de leur décor.
Derrière la longue galerie à colonnade (péristyle) de la façade, les pièces s’organisent autour de l'importante salle d'apparat, certaines présentant un sol mosaïqué, d'autres un simple sol de tuileau.
Au sud de la salle d'apparat se trouve une pièce à alcôves, dans laquelle on pourrait reconnaître une chambre à coucher. Au sol de cette "chambre", une mosaïque présente deux pampres de vigne enlacées, chargées de grappes, sortant d’un cratère, évoquant clairement le caractère viticole de ce « palais » (Pallatium, d’où provient vraisemblablement le nom donné au lieu-dit « Le Palat »).
Dès lors, comment ne pas voir l’intérêt particulier que présente cette découverte, dans le sol d’une propriété viticole, sur une commune comme Saint-Emilion!
Saint-Emilion, ville viticole par excellence, ne prendrait-elle pas ici sa “source“?
UN NOUVEL ÉLAN

Une renaissance
En Avril 2013, l’idée et l’envie de reprendre le projet de notre père s’imposent à nous les enfants. Avec sa bénédiction, je reprends donc le dossier, en prends connaissance dans sa globalité, reprends contact avec les membres de l’association, avec les archéologues, et laisse remonter avec bonheur tous les souvenirs « adolescents » de ces étés de « fouilles », partagés avec l’équipe des fouilleurs !
Ressusciter le projet, et reprendre là où ils se sont arrêtés les travaux réalisés sur le site pendant plus de 20 ans, provoque un enthousiasme qui m'encourage. Le soutien de Monsieur Pierre Regaldo Saint Blancard, Ingénieur de recherche au Service Régional de l’Archéologie, et surtout la présence de l'équipe d'archéologues qui ont fouillé, mené et dirigé ces fouilles pendant plus de 10 ans, sont à la base d'une collaboration essentielle et productive qui nous conduira, espérons-le à notre objectif ultime: la mise en valeur du site du Palat.

Notre Projet :
Un « projet d’accessibilité »
Notre but est de « rendre visible, attractif et compréhensible par le public, le site archéologique de la villa gallo-romaine de la Gaffelière ».
Notre but est, comme il l’a été pour notre père, la mise en valeur du site archéologique, et la création d’un espace muséographique; Notre objectif est la restauration et la présentation in situ de la villa Gallo-Romaine et de l’ensemble des mosaïques, afin de les rendre accessible au public, tout en conservant la villa du Palat dans le patrimoine foncier familial.
Les vestiges archéologiques ont une valeur esthétique, symbolique, culturelle, mais aussi une valeur scientifique, dans la mesure où ils sont une source documentaire pour les archéologues.

Notre philosophie
Comme l’ont écrit Mrs Colardelle et Berger, « En mettant face à face l’homme d’aujourd’hui, avec ses doutes voire ses inquiétudes, et ses ancêtres, le patrimoine archéologique a le pouvoir d’apporter quelques éléments de réponse à ceux qui se posent des questions sur l’existence humaine, et aide à retisser une relation entre l’homme et ses origines, entre l’homme et l’univers. »
Comme ils le soulignent, la valorisation de site archéologique répond à une véritable demande du public, qui est curieux de connaître et de comprendre le passé, les modes de vie de nos ancêtres, et leurs modes de pensée.
Dans notre projet, j’aimerais placer en première préoccupation « La sauvegarde du patrimoine naturel et humain ».
VERS LA MISE EN VALEUR

Fouilles de Diagnostic
Avant d’entamer toute démarche dans ce sens, une question m’occupait l’esprit :
La qualité et l’état de conservation du site archéologique justifie-t-elle une "mise en valeur" ?
L’intérêt archéologique du site est une évidence pour les archéologues.
Mais une question reste à éclaircir: l'état de conservation des mosaïques.
Il a donc été convenu de réaliser une série de sondages afin de contrôler l’état sanitaire des vestiges.
L’intervention s’est déroulée du 28 février au 3 mars 2014, menée par Monsieur Xavier Charpentier, assisté de Marie-Patricia Raynaud (Ingénieur d’Étude C.N.R.S. lab. Monde byzantin, UMR 8167 Orient et Méditerranée, Paris) et Didier Dubois (restaurateur-photographe), tout deux ayant participé aux campagnes de fouilles réalisées entre 1981 et 1987, ...
La conclusion de cette intervention est que « les vestiges, notamment les mosaïques, n’ont pas connu de dégradations notables depuis1993 » nous amenant à considérer que la mise en valeur du site est donc envisageable.

Restitution 3D de la villa
Dans l’optique d’une prospection et en vue de rechercher des partenaires à notre projet, une présentation du projet, accompagnée d'une reconstitution virtuelle de la villa ainsi qu’une présentation des différentes étapes des fouilles, est envisagée.

Exposition du mobilier de fouilles
Dans le cadre de notre projet de présentation au public de la villa Gallo-Romaine du Palat, nous prévoyons bientôt une présentation d’un échantillonnage représentatif des plusieurs types d’objets découverts tout au long des années de fouilles archéologiques sur le site du Palat, entre 1970 et 1988.
Il s’agit d’objets métalliques, en bronze (monnaies, pièce de harnachement, fibule et fragment de marmite), une monnaie d’argent, du verre à vitre, des tesselles et des perles en verre, des éléments en plomb et en fer (clous de toitures, outils, couteaux, agrafes de placages)…
Des éléments architectoniques variés nous sont aussi parvenus parmi lesquels des fragments de colonnes, un beau chapiteau en marbre, de nombreux éléments de placages et plinthes en marbre de couleurs, des tegulae de toiture, des éléments de suspensura provenant des thermes, des fragments de peinture murale déposées lors des fouilles, ainsi que de nombreux fragments de mosaïques.
Le tri de ces éléments récemment commencé, sera suivi de leur restauration, en vue de leur présentation, dans les locaux du Château La Gaffelière, où peut être admirée d'ores et déjà, la grande mosaïque dite "aux svasticas", déposée et restaurée entre 1988 et 1992, qui se situait dans l'espace des termes de la villa, au pied de la maison du Palat et sous son parking.